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Bitcoin : Une pénurie historique se profile sur les plateformes d'échange
Dans une interview exclusive, Dr. Kouamé N'Guessan analyse la situation inédite du marché du Bitcoin, où plus de 114 000 BTC ont quitté les plateformes d'échange. Il expose les implications pour les investisseurs africains et le potentiel de développement pour le continent.
ParFranck Kouamé
Publié le
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Dr. Kouamé N'Guessan analyse l'impact de la pénurie de Bitcoin pour l'Afrique
Interview exclusive avec Dr. Kouamé N'Guessan, expert en cryptomonnaies à l'Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan
Q: Professeur, un phénomène majeur secoue actuellement le marché du Bitcoin. Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe ?
R: Effectivement, nous assistons à un mouvement sans précédent sur le marché des cryptomonnaies. Selon les dernières données de BFM Crypto, environ 114 000 bitcoins, représentant plus de 14 milliards de dollars, ont été retirés des plateformes d'échange ces deux dernières semaines. C'est un événement historique qui mérite toute notre attention, particulièrement dans le contexte africain où les cryptomonnaies gagnent en popularité.
Q: Quelles sont les implications concrètes de ces retraits massifs ?
R: Les réserves totales sur les plateformes d'échange ont chuté à environ 2,83 millions de bitcoins, voire 2,45 millions selon CryptoQuant. C'est le niveau le plus bas observé depuis sept ans. Pour nos investisseurs en Côte d'Ivoire et dans la région, cela signifie que l'accès direct au Bitcoin pourrait devenir plus complexe.
Q: Comment expliquez-vous ce phénomène de retrait massif ?
R: Plusieurs facteurs entrent en jeu. Premièrement, nous observons une tendance croissante au "hodling", c'est-à-dire la conservation à long terme des bitcoins dans des portefeuilles personnels sécurisés. C'est une approche que nous recommandons d'ailleurs à nos investisseurs locaux.
Deuxièmement, il y a une certaine méfiance envers les plateformes d'échange suite aux récentes turbulences du marché. Les événements comme la faillite de FTX ont marqué les esprits.
Troisièmement, le contexte est particulièrement favorable avec un Bitcoin qui a récemment dépassé les 125 000 dollars, établissant un nouveau record historique.
Q: Quelles opportunités cela représente-t-il pour les investisseurs africains ?
R: Cette situation pourrait être particulièrement intéressante pour notre continent. Avec la rareté croissante du Bitcoin sur les exchanges, nous pourrions voir émerger de nouvelles opportunités pour les plateformes africaines. La BCEAO et plusieurs pays de notre région étudient déjà les possibilités offertes par les cryptomonnaies pour faciliter les transferts internationaux et stimuler l'inclusion financière.
Q: Y a-t-il des risques spécifiques à prendre en compte ?
R: Absolument. La première chose à comprendre est que cette "pénurie" ne signifie pas une disparition des bitcoins, mais plutôt leur moindre disponibilité immédiate sur les plateformes d'échange. Cela peut entraîner une plus grande volatilité des prix et des écarts plus importants entre les différentes plateformes.
Pour nos investisseurs locaux, il est crucial de bien comprendre ces dynamiques. Je recommande une approche prudente et progressive, en privilégiant les plateformes réglementées et en diversifiant les investissements.
Q: Comment voyez-vous l'évolution du marché dans les prochains mois ?
R: Les indicateurs actuels suggèrent une continuation de cette tendance, particulièrement avec l'arrivée des ETF Bitcoin spot à Wall Street. Pour l'Afrique, c'est une opportunité de se positionner stratégiquement dans l'écosystème crypto mondial.
La Côte d'Ivoire, avec sa position de leader régional en matière de technologies financières, pourrait jouer un rôle clé dans cette évolution. Nous observons déjà un intérêt croissant des institutions financières locales pour les cryptomonnaies.
Q: Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux investisseurs ?
R: Je recommande trois points essentiels :
1. Education : Comprendre parfaitement les fondamentaux du Bitcoin et des cryptomonnaies avant d'investir.
2. Sécurité : Privilégier les portefeuilles "cold storage" pour la conservation à long terme.
3. Stratégie : Adopter une approche d'investissement progressive et à long terme, en évitant les décisions émotionnelles.
Q: Un dernier mot sur le développement des cryptomonnaies en Afrique ?
R: L'Afrique a une opportunité unique de se positionner comme un acteur majeur dans l'écosystème crypto mondial. La situation actuelle de "pénurie" pourrait accélérer l'adoption des cryptomonnaies sur le continent, notamment pour faciliter les échanges commerciaux internationaux et l'inclusion financière.
La Côte d'Ivoire, sous la vision éclairée du Président Alassane Ouattara, travaille déjà sur un cadre réglementaire adapté pour saisir ces opportunités tout en protégeant les investisseurs. L'avenir s'annonce prometteur pour notre continent dans ce domaine.
Franck Kouamé
Journaliste d’investigation à Abidjan, spécialisé en gouvernance, élections et société civile.