Nigeria : une centaine d'écoliers libérés après plus de deux semaines de captivité
Plus de deux semaines après leur enlèvement dramatique dans leur dortoir scolaire, une centaine d'élèves d'une école catholique du centre-nord du Nigeria ont retrouvé la liberté lundi. Ces enfants, âgés de 10 à 17 ans pour la plupart, ont été accueillis par le gouverneur de l'État de Niger Mohammed Umaru Bago avant d'être examinés par des médecins.
Une opération de sauvetage saluée par les autorités
Arrivés à bord de cinq bus blancs escortés par une dizaine de véhicules militaires et blindés, les jeunes libérés portaient de longues robes pour les filles et des maillots de football pour les garçons. Le gouverneur Bago a exprimé sa gratitude envers le président nigérian : "Nous remercions Monsieur le président qui nous a donné les moyens nécessaires de secourir ces enfants".
Cette libération partielle fait suite à l'enlèvement massif du 21 novembre dernier, quand 303 élèves et 12 membres du personnel avaient été kidnappés à l'internat mixte St. Mary, situé dans le village reculé de Papiri. Selon les chiffres du diocèse, 165 personnes demeurent encore en captivité.
Le Nigeria face à une crise sécuritaire majeure
Cette tragédie s'inscrit dans une vague d'enlèvements sans précédent qui a frappé le Nigeria en novembre. Plus de 400 Nigérians ont été kidnappés en quinze jours, incluant des écolières musulmanes, des fidèles d'une Église évangélique, des agriculteurs et même une mariée avec ses demoiselles d'honneur.
Face à cette escalade, le président Bola Tinubu a déclaré fin novembre "l'état d'urgence sécuritaire national" et ordonné le recrutement massif de policiers et militaires. "Nos enfants ne doivent plus être des proies faciles pour des terroristes sans cœur", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Un fléau économique structuré
Les enlèvements de masse sont devenus monnaie courante au Nigeria, perpétrés principalement par des gangs criminels surnommés "bandits" en quête de rançons. Selon le cabinet SBM Intelligence de Lagos, ce phénomène s'est "mué en un secteur structuré à but lucratif" ayant généré environ 1,66 million de dollars entre juillet 2024 et juin 2025.
Le pays le plus peuplé d'Afrique, avec ses 230 millions d'habitants, fait face à une situation sécuritaire particulièrement dégradée. Aux attaques jihadistes dans le nord-est s'ajoutent désormais les raids de bandits dans le nord-ouest et le centre, aux motivations davantage financières qu'idéologiques.
Solidarité africaine nécessaire
Cette crise nigériane interpelle l'ensemble de la communauté ouest-africaine. La stabilité du géant économique de la région demeure cruciale pour le développement panafricain et nécessite une réponse coordonnée des États de la sous-région.
Theresa Pamma de l'Unicef a souligné l'urgence de l'accompagnement psychologique : "Nous savons tous que ces enfants, après avoir passé plus de deux semaines en captivité, ont certainement besoin d'aide".