Le Maroc lance une stratégie ambitieuse d'externalisation : un modèle pour l'Afrique
Le royaume chérifien vient de dévoiler son plan « Offre offshoring Maroc », une initiative stratégique qui pourrait inspirer d'autres nations africaines, notamment la Côte d'Ivoire dans sa quête de diversification économique et de positionnement sur les services à haute valeur ajoutée.
Un repositionnement stratégique vers la valeur
Selon Youssef Chraïbi, président de la Fédération marocaine de l'externalisation des services, cette nouvelle approche marque un tournant décisif. « Le secteur avait besoin d'un nouveau souffle », explique-t-il dans un entretien accordé à Finances News Hebdo.
Face à une concurrence africaine croissante, où certains pays proposent des coûts jusqu'à trois fois inférieurs, le Maroc mise désormais sur l'innovation technologique et la montée en gamme. Cette stratégie de différenciation par la valeur plutôt que par les coûts résonne particulièrement avec les ambitions ivoiriennes de transformation digitale.
Cinq écosystèmes pour une vision globale
L'approche marocaine dépasse largement les centres d'appels traditionnels. Elle s'articule autour de cinq écosystèmes complémentaires :
- La gestion de la relation client multicanal (CRM)
- L'externalisation de processus métiers (BPO)
- Les services informatiques (ITO)
- L'externalisation de l'ingénierie (ESO)
- Le brain sourcing (KPO)
Cette diversification offre des perspectives intéressantes pour les économies africaines cherchant à développer leurs secteurs tertiaires.
Des objectifs ambitieux mais réalisables
Le plan prévoit la création de 130 000 emplois additionnels, dont 50 000 dès 2026. Pour Chraïbi, cet objectif reste « ambitieux mais réaliste », à condition de respecter deux impératifs : une mise en œuvre rapide et un dispositif de soutien efficace.
Les mesures d'accompagnement incluent des primes à l'emploi et à la formation, la modernisation des plateformes industrielles et un guichet unique pour faciliter l'installation des entreprises. Les délais d'installation passeront ainsi de cinq à vingt-cinq jours.
L'intelligence artificielle, transformation plutôt que suppression
Sur l'impact de l'IA, Youssef Chraïbi adopte une approche nuancée : « L'IA ne va pas supprimer les métiers. Elle va les transformer ». Il prône la création de filières hybrides combinant technologie et relation humaine, avec des formations courtes et pratiques co-construites avec les opérateurs.
Cette vision de l'IA comme outil de transformation plutôt que de remplacement offre des pistes de réflexion précieuses pour les stratégies de développement économique en Afrique de l'Ouest.
Des leçons pour le développement africain
L'expérience marocaine illustre l'importance d'une approche intégrée associant secteur public et privé, formation ciblée et innovation technologique. Pour les pays de la région, dont la Côte d'Ivoire qui ambitionne de devenir un hub technologique régional, cette stratégie offre un modèle d'inspiration adapté aux réalités africaines.
La réussite de cette initiative pourrait renforcer la position de l'Afrique dans l'économie numérique mondiale, démontrant que le continent peut rivaliser sur les segments à haute valeur ajoutée.